3 études de cas de la méthode DevOS.

Pour ce bonus, je vais faire une étude de cas en utilisant 3 exemples (dont 2 similaires) d’entreprises qui ont su utiliser la méthode DevOS de manière ultra-pertinente, et expliquer en quoi cette méthode leur a permis d’atteindre le succès qu’elles ont aujourd’hui.

Freeletics

Commençons par le plus petit des trois, mais celui que je trouve personnellement le plus intéressant tant il a été efficace sur moi.

Freeletics est une application mobile de sport individuel à poids de corps, qui met à disposition des exercices physiques, des workouts (séries d’exercices) ainsi qu’un coach virtuel qui va prendre en compte vos séances pour vous proposer des workouts plus adaptés.

Présenté comme ça, il semble y avoir une grosse incohérence dans le principe de l’application : elle s’adresse aux sportifs, mais peu de sportifs expérimentés ont besoin de ce genre de service. Mais c’est sans compter le véritable problème que résout cette application.

Freeletics est avant tout une application créé dans le but de vous motiver à faire du sport. C’est un véritable problème qui nous a tous plus ou moins touché un jour, et peut-être que vous êtes même actuellement dans cette situation.

Dis comme ça, ça n’a pas l’air gagné, puisque c’est généralement un problème qui se résout à l’aide d’un coach en chair et en os, mais Freeletics, de part ses fonctionnalités et son design, a mis au point un système tellement puissant qu’il est tout simplement impossible qu’ils n’aient pas utilisé la méthode DevOS pendant le développement de l’application. Je m’explique.

Mise en route super rapide

Déjà, Freeletics est une application mobile, donc facilement transportable, et qui ne nécessite aucun matériel particulier : quasiment tout se fait à poids de corps. Et en plus de ça, les fonctionnalités “de base” de l’application (les workouts) sont même disponible hors connexion. Grâce à cette simplicité, ça prends littéralement moins d’une minute pour commencer à faire du sport, et vous pouvez faire ça absolument partout, chez vous, sur un chemin, sur un toit, dans les égouts, peu importe.

Comparez ça aux alternatives, les 20 minutes pour aller à la salle de sport ou à la piscine (sans parler du prix), le vélo qu’il faut se trimbaler partout, les potes qu’il faut réunir pour se faire un petit foot... Freeletics vous met dans une position où vous n’avez absolument aucune excuse pour ne pas vous mettre au sport immédiatement, ce qui diminue votre flemme et augmente considérablement votre bonne volonté.

D’autant plus que les workouts sont assez rapides (et intenses) : 15-30m quand vous débutez, et ça dépasse très rarement les 1h, donc si c’est juste une problématique de temps, vous n’avez aucune excuse non plus.

10m de workout + 5m d’échauffement + 5m d’étirements + 5m de pause/transition, ça reste super court.

Visualisation de la progression

Les sportifs le savent très bien, mais la courbe de progression lorsqu’on débute est énorme, c’est pour ça que les avant après sont aussi choquants (quand ils ne sont pas fake…). Je le sais, car en utilisant Freeletics, j’ai ressenti les résultats des les premières semaines. Est-ce que j’aurais eu les mêmes résultats si j’avais fait les mêmes exercices, mais sans utiliser l’application ? Oui, sans aucun doute. Est-ce que j’aurais eu la motivation de les faire ? J’en doute fortement.

Pour Freeletics, c’est dans leur intérêt de mettre cette progression le plus en avant possible, puisque ça donne un boost de motivation énorme de voir son travail porter ses fruits (et techniquement, c’est vous qui faites tout le boulot). D’autant plus qu’il est très difficile de mesurer sa propre progression.

En pratique, ça passe par un système de chronomètre et de PB (Personnal Best : record personnel). En gros, à chaque fois que vous faites un exercice, vous allez faire la course contre votre précédent record, ce qui vous pousse d’autant plus à travailler dur. Par exemple, si vous êtes en retard de 30 secondes vers la fin d’un workout, vous allez être incroyablement tenté de tout donner pour limiter la casse, chose que vous n’auriez probablement pas faite en temps normal.

C'est sûr que de voir une progression comme ça, ça donne envie de travailler d'autant plus dur !

Engagement

Quand vous prenez la version payante de l’application, vous pouvez vous engager dans un parcours d’entraînement, avec un coach virtuel qui choisi les exercices à votre place. Ces parcours sont très longs : 3 à 5 entraînements souvent difficiles par semaine multipliés par 12, avec un workout par jour la dernière semaine.

Pendant ces parcours, l’envie d’abandonner est grande, mais il y a une chose qui vous garde bien accroché : vous vous êtes engagé. Vous avez payé l’application pour débloquer cette fonctionnalité, et vous avez cliqué sur le bouton OK en promettant (virtuellement) que vous iriez jusqu’au bout.

C’est con dit comme ça, mais nous autres humains, nous somme victime de ce que l’on appelle le principe de cohérence. Pour faire simple : vous allez (sans vous en rendre compte) prendre des décisions qui vont être cohérentes avec celles que vous avez prises plus tôt. Freeletics joue énormément sur ce principe pour vous inciter à aller jusqu’au bout de vos parcours, et n’hésitera pas à venir vous taper sur les doigts si jamais vous avez loupé une séance !

Le point de non-retour.

J’aurais pu aussi parler du système de points, le blog où vous pouvez documenter votre progression et votre ressenti, le podcast accès à 80% sur la motivation… Mais vous voyez le principe. Pas une seule seconde les développeurs n’ont oublié le problème qu’ils voulaient résoudre. C’est typiquement une démarche DevOS, et ça a payé puisque l’application a aujourd’hui plus de 10M de téléchargement sur le Play Store.

Netflix

Je ne doute pas que vous connaissiez déjà ce service, puisque c’est quand même la plateforme de films/séries à la demande la plus populaire au monde, et qui pèse aujourd’hui des milliards de dollars.

Avec un peu de déni, on pourrait attribuer son succès uniquement à son immense catalogue (donc au travail des autres), mais bien sûr, si vous avez suivi cet article jusqu’ici, vous savez déjà que ce n’est pas le cas. Ça joue, mais ça ne vaut pas la solution que Netflix propose : la possibilité de pouvoir regarder ses séries où on veut, quand on veut, et sans AUCUNE distraction.

Analysons quelques points-clefs pour mieux comprendre.

Utilisable partout, tout le temps

Comme pour Freeletics, Netflix est utilisable partout et instantanément, un simple téléphone, une connexion internet, et éventuellement une paire d’écouteurs suffisent. Ça vous permet de vous mater votre petit épisode de La Casa de Papel tranquillou dans le bus, ce qui aurait été juste impensable avec les alternatives légales, comme la TV.

D’ailleurs, vous pouvez faire l’essai vous-même : prenez quelques situations au hasard et essayez de voir dans lesquelles Netflix et la TV seraient pertinents, par exemple :

  • Dans le train à midi : Netflix
  • Le soir à 20H chez soi : Netflix + TV
  • En attendant votre crush sur un escalier dans la rue : Netflix
  • Au volant d’une voiture : Aucun
  • En soirée avec des amis : Netflix (+ TV)
  • En ayant une furieuse envie de Pirates des Caraïbes : Netflix

Vous allez vite vous rendre compte que Netflix pourra coller dans la plupart des cas, contrairement à la TV, ainsi qu’aux DVD et au cinéma. C’est un avantage compétitif que l’application va exploiter un maximum.

Confort absolut

Netflix fait face à un concurrent de taille, qui a aussi l’avantage de s’adapter à toutes les situations, mais gratuitement : les services de streaming/téléchargements illégaux. La bataille semble perdue d’avance, mais si c’était vraiment le cas, Netflix n’apparaîtrait même pas dans les résultats de Google.

Penser que Netflix ne fais du profit que grâces aux personnes qui sont contre ce genre de services est irréaliste, et la vraie raison implique une fois de plus la méthode DevOS.

L’avantage que Netflix a est que grâce à son modèle économique de payement mensuel, il peut se permettre de vous offrir une qualité de visionnage de seigneur, là où la plupart des sites illégaux vont vous spammer sans arrêt de publicités, ce qui rend l’expérience à la limite du supportable (surtout sur mobile). Sans parler des malwares potentiels, les redirections, le risque de fermeture du site, les fakes, la difficulté pour trouver certains films ou séries…

Pour certains d’entre vous, ça pourra sembler n’être qu’un détail, mais c’est un détail qui a quand même incité 150 millions de personnes à dépenser environ 10€ par mois pour regarder leurs séries. Les gens viennent pour ça, et si Netflix avait eu une interface compliquée ou des pubs, bref, de la friction, le service n’aurait absolument aucun intérêt. C’est en misant sur ce problème grâce à un bon coup de DevOS que Netflix à atteint la popularité qu’il a aujourd’hui.

Rien que l'interface, aucune distraction, et quasiment chaque pixel est dédié au visionnage de films et de séries.

Spotify

Là où Netflix est le leader des films et séries à la demande, Spotify est le boss en terme de musique. Je vais être bref, car les raisons sont au final similaires pour les deux services.

Utilisable partout, tout le temps

Encore une fois, Spotify met grandement en avant cet aspect de pouvoir écouter votre musique dans toutes les situations. Si vous utilisez la version gratuite de l’application, vous remarquerez que les pubs sont constamment en train de vous le rappeler : écoutez votre musique en avion, dans le train, dans un sous-marin, au pôle nord, sur Mars, en dehors de la matrice, etc.

C’est un avantage compétitif de taille, que vous n’aurez pas sur votre poste de radio par exemple.

Succombez à vos envies

Cependant, c’est un peu plus compliqué que Netflix, car les alternatives sont nombreuses et existent depuis très longtemps, lecteurs MP3, IPods, même un simple téléphone avec de la musique dessus. Ils permettent tous de pouvoir écouter de la musique depuis n’importe où.

Mais à la différence de Spotify, ils ajoutent une étape supplémentaire : ils nécessitent tous de déjà posséder la musique avant de l’écouter. Donc si vous avez une envie pressente d’écouter du Kaaris, c’est rappé (t’as compris).

Spotify vient se poser en tant que solution à ce problème, puisque vous avez littéralement 50 millions de titres à portée de main, vous avez juste besoin d’une connexion internet pour faire péter le son.

Vous pouvez même télécharger vos musiques depuis la plateforme pour pouvoir les écouter hors connexion, et donc, encore une fois, dans toutes les situations.

C’est un aspect qu’ils mettent énormément en avant dans leurs pubs, le fameux “succombez à vos envies”, et c’est en ayant mis au point un système qui fait exactement ça que la plateforme à atteinte la popularité qu’elle a aujourd’hui.

La page de vente résume tout.

Évidement, je n’ai pris que 3 exemples, mais quasiment toutes les applications à succès utilisent la méthode DevOS pour arriver à leurs fins. Je le répète, mais ce n’est pas un terme que j’ai inventé juste pour me la jouer businessman, c’est une vraie méthode qui a été utilisée maintes fois par des professionnels, et qui s’est avéré être monstrueusement efficace.

Ce que je vous invite à faire maintenant, c’est de prendre d’autres applications que vous utilisez, et d’essayer d’imaginer l’état d’esprit des développeurs pendant qu’ils étaient en train de la concevoir. Non seulement vous allez apprendre plein de trucs et vous en ressortirez grandi, mais il y a aussi de grandes chances que ça vous donne des super idées pour un futur (ou actuel) projet !